Jean Reno

ENTRETIEN

Les 8 et 9 janvier, vous serez récitant aux côtés de l’orchestre dans Pierre et le Loup de Serge Prokofiev. Est-ce la première fois que vous vous prêtez à cet exercice ?

Oui ! J’aime bien faire des choses que je n’ai jamais faites auparavant et comme je suis très ami avec Renaud Capuçon et qu’un jour il m’a proposé de travailler sur Pierre et le loup ensemble, j’ai adoré l’idée.

Une impressionnante liste d’acteurs/artistes célèbres ont déjà narré cette histoire (Gérard Philippe, Robert Hirsch, Fernandel, Madeleine Renaud, Jacques Brel, Claude Piéplu, Jean Nohain, David Bowie, Jacques Higelin, Charles Aznavour, Lambert Wilson, Eddy Mitchell, Jean Rochefort, Michel Galabru, Smaïn, Valérie Lemercier, Denis Podalydès, François Morel). Y a-t-il une version qui vous a particulièrement marqué ?

Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Ce n’est pas du tout du mépris ni de l’irrespect de ma part mais je n’aime pas me référer à d’autres interprétations ou imiter. J’ai un monde dans ma tête et je vais découvrir ce récit avec Renaud, ces animaux, cet enfant. Nous allons visiter cet univers avec ce que nous sommes, avec notre rythme et notre « talent ». Chercher à comparer avec les versions de Gérard Philippe ou Aznavour….non. Vous savez, quand vous faites à manger vous-même, vous mettez plus ou moins de sel, plus ou moins d’huile d’olive, si vous faites une salade de tomates, vous pouvez laisser la peau ou pas, mettre de l’ail ou non…chacun fait sa propre cuisine !

Comptez-vous approcher ce texte comme un travail de théâtre ?

Je viens du théâtre. Je suis passé par le Conservatoire à Casablanca puis les cours Simon et l’atelier Andréas Voutsinas à Paris, j’ai mis en scène Manon Lescaut pour les Jeux Olympiques d’hiver à Turin en 2006…Je vais essayer de raconter cette histoire et la transmettre par la voix – j’ai d’ailleurs doublé de nombreux dessins animés – j’aime beaucoup le travail de la voix car c’est un véhicule des émotions.

Le concert est programmé à 19h30 donc plutôt pour un public adulte. Ce texte est souvent catalogué dans la littérature enfantine. En quoi, selon vous, peut-il parler à tous les âges ?

Il y a la musique qui est magnifique, écouter Prokofiev, c’est déjà quelque chose ! Quant à l’histoire, on a toujours envie d’en entendre, quel que soit son âge. On a toujours envie d’entendre la morale d’une histoire et surtout l’expérience de l’autre. Les histoires font toujours écho. La vie s’en va très vite et c’est toujours intéressant de faire un petit voyage en enfance. Je me poserais la question à l’inverse : est-ce que cela s’adresse à des enfants ? Je ne suis pas sûr que ce soit aussi catégorisé. Je crois que quand une œuvre est bien écrite, que vous soyez enfant ou adulte, une magie s’opère entre vous et ce qui se déroule sur scène à ce moment-là.

Quelle place tient la musique classique dans votre vie, et l’expérience du concert ?

Toute la musique ! Je peux aller à un concert de jazz et le lendemain à un concert classique. C’est en fonction de mon état d’esprit, j’écoute de tout ! Je sais qu’il y a des frontières, qu’on dit que la musique classique est un peu plus guindée mais je ne réfléchis pas ainsi. Je pense que la musique est essentielle, c’est comme boire de l’eau. Si on peut tout écouter, faisons-le.

Vous allez vous produire à la Salle Métropole de Lausanne, un ancien cinéma classé ! Connaissez-vous notre ville et y avez-vous vécu des expériences professionnelles mémorables ?

Non, c’est la première fois que je viens. J’ai été plusieurs fois à Genève évidemment, mais jamais à Lausanne, malheureusement, ni pour tourner ni à titre personnel, donc je suis très heureux de découvrir ce cinéma classé !

Représentations complètes – listes d’attente disponibles. Le concert sera capté par Espace2, à retrouver en direct le jeudi 9 janvier 2025 à 19h30.