Simone Young

ENTRETIEN

Vous retrouvez l’OCL deux ans après votre dernier concert dans lequel vous aviez déjà choisi une pièce de Schoenberg (Verklärte Nacht). Lors de notre entretien vidéo de l’époque, vous disiez : « La plupart des gens, malheureusement, entendent le nom Schönberg et pensent : « Je ne vais pas comprendre et je ne vais pas aimer ». Que leur diriez-vous pour qu’ils n’aient pas peur de venir écouter la Symphonie de chambre de n°1 que vous dirigerez les 27 et 28 novembre 2024 ?

C’est une pièce magnifique. Elle a beaucoup de points communs avec la Verklärte Nacht (Nuit transfigurée) – de belles mélodies et des harmonies complexes mais très émouvantes. Il y a aussi le plaisir supplémentaire de regarder les musiciens de l’OCL – ils sont peu nombreux dans cette oeuvre, le public peut facilement observer et admirer chacun d’entre eux.

 Un autre viennois, moins « effrayant » dans l’esprit du public, fait partie du programme avec un « tube » de la musique classique : la Symphonie n°41, « Jupiter » de Mozart. À l’inverse, comment faites-vous pour vous appropriez cette pièce que tout le monde connaît ?

J’ai une approche très spécifique de cette symphonie. Je trouve qu’on y entend le compositeur mature que Mozart serait devenu s’il n’était pas mort aussi tragiquement jeune. J’aime entendre Beethoven se laisser deviner lorsque je dirige cette symphonie

Entre ces deux pièces viennoises, vous dirigerez Sharon Kam dans le Concerto pour clarinette d’Aaron Copland, commande du clarinettiste de jazz Benny Goodman au compositeur en 1947. Est-ce une première pour vous et que pouvez-vous nous en dire ?

J’ai dirigé ce concerto de nombreuses fois, et c’est un véritable chef-d’œuvre. Le premier mouvement nous séduit avec de belles lignes longues et des mélodies, puis l’allegro très jazzy est une véritable surprise. J’ai déjà travaillé avec Sharon, mais cela remonte à très longtemps. J’ai hâte de renouveler notre collaboration.

Comment pensez-vous que les caractéristiques uniques de chaque pièce — le classicisme de Mozart, l’innovation de Schoenberg et l’influence jazz de Copland — s’entrelacent pour créer une expérience cohérente et significative pour le public ?

La connexion entre le Schoenberg et le Mozart est évidente – la première école viennoise et la deuxième école viennoise côte à côte, c’est toujours très intéressant. Le Copland est un petit « clin d’œil » de ma part – la dernière fois que je l’ai dirigé, c’était à Vienne, donc pour moi, il a aussi une connexion viennoise ! Mais plus sérieusement, la symphonie Jupiter est l’une des œuvres les plus joyeuses jamais écrites, et je pense que les éléments de « blues » et de jazz « contemporain » du Copland feront un bon pont entre le Schoenberg, plutôt introspectif, et le Mozart, plein d’exubérance.

QUESTIONS D’ÉTUDIANT(E)S DE L’HEMU

Quelle est selon vous la plus grande qualité requise pour être une “bonne” cheffe d’orchestre ?

La curiosité – c’est là que réside le besoin de trouver le meilleur dans votre travail, vos collègues, et vous-même.

Avec quel·le compositeur·trice, vivant·e ou décédé·e, aimeriez-vous prendre un café ?

Probablement pas Mozart – il serait trop exubérant, et sûrement pas Wagner, car nous entrerions immédiatement en conflit sur la politique. Peut-être Chopin – j’ai commencé comme pianiste et la simplicité et la beauté de sa musique m’ont toujours fasciné. Et il avait beaucoup voyagé, donc il aurait de superbes histoires à raconter !