Ton Koopman

ENTRETIEN

Vous avez été par le passé principal chef invité de l’OCL et vous revenez diriger l’OCL les 3 et 4 mai 2023. Quelle perception avez-vous de notre orchestre ?

J’ai en effet travaillé plusieurs fois avec l’OCL et la collaboration s’est toujours bien passée. Au début, quelques musiciens ne comprenaient pas toujours ce que je recherchais quand je leur indiquais de jouer avec moins de « vibrato ». Mais rapidement ils ont compris que cela correspondait à mon style de musique et la sonorité qu’elle implique. Je suis vraiment ravi de revenir !

Vous êtes spécialiste du répertoire baroque, qu’est-ce qui vous attire dans ce style/cette époque en particulier ?

Bach et Haydn sont deux compositeurs que j’aime beaucoup. J’ai énormément enregistré de pièces du répertoire de Bach avec orchestres et chœurs mais aussi en tant que soliste, comme organiste et claveciniste. Pour moi J.S. Bach est le plus grand compositeur de toute l’histoire de la musique mais j’aime aussi beaucoup Haydn. Quand on lit sa musique sur partition, on se dit que ce n’est pas mal, et quand on l’entend jouée, on la trouve fantastique ! Je ne sais pas comment cela opère mais dès que la musique de Haydn sonne, on est vraiment stupéfait du résultat. La Symphonie Militaire que nous allons jouer est une pièce très drôle, avec les 3 percussionnistes qui entrent pendant que l’orchestre joue, je la trouve très belle. J’ai eu l’occasion de jouer plusieurs symphonies de Haydn avec l’OCL et je me souviens de très bons résultats, d’une qualité très haute.

Bach et Haydn : qu’est-ce qui les rapproche ? qu’est-ce qui les différencie ?

De Haydn lui-même, on sait peu de choses et depuis peu on sait qu’il a étudié la musique de Bach. On le sait de façon évidente pour Mozart mais pour Haydn on en avait moins conscience. Avec l’OCL, nous allons jouer la Suite n°4 de Bach dont l’ouverture reprend l’air de sa Cantate n°110 mais on ne sait pas très bien quelle pièce précédait l’autre. Chez Bach, tout est possible, c’était un grand virtuose.  

Vous allez diriger et jouer de l’orgue sur le Concerto pour orgue n°1 de Haydn. Comment gérez-vous cette double prestation en live ?

J’aime être musicien parmi les musiciens et m’exposer, autant qu’eux, à de possibles erreurs, sans avoir la place du chef qui n’en ferait aucune. Cette pièce est le premier concerto pour clavier composé par Haydn au moment où sa bien-aimée le quittait pour entrer au couvent, pourtant la pièce est joyeuse.

Une des pièces au programme est la symphonie dite « Militaire » de Haydn. Est-ce que pour vous un orchestre a quelque chose à voir avec la discipline militaire ?

Si les musiciens jouent comme des bons petits soldats, ce n’est pas bien ! Un orchestre doit jouer ensemble, doit jouer juste. Si on y arrive sans une discipline trop dure, tant mieux ! Il faut essayer de convaincre les musiciens d’adhérer à notre vision en tant que chef. Je n’aime pas le rythme saccadé de la musique militaire, je préfère un rythme plus libre mais il faut être ensemble pour éviter la catastrophe. Il faut commencer ensemble, suivre la même dynamique, ce qui implique forcément de la rigueur mais ça ne doit pas se ressentir. Le tout doit apparaître cohérent et logique.

Que diriez-vous aux spectateurs pour leur donner envie de venir voir ce concert ?

C’est un programme extrêmement facile à écouter. Dans Bach, le basson a une partie solistique très sautillante, comme sur un air de bourrée, très rapide, on a pas le temps de respirer. C’est de la belle musique avec des trompettes, des hautbois…une musique qui donne envie de danser. Avec le Concerto pour orgue de Haydn, il ne faut pas avoir peur d’entrer au couvent, c’est une jolie musique. Le mouvement lent comporte beaucoup de notes vives, avec beaucoup de goût, composé par un Haydn encore jeune. Quant à la Symphonie militaire, c’est une grande fête !