Un orchestre de chambre, c’est quoi ?
Partant du constat d’une confusion dans l’esprit du grand public entre la musique dite de chambre, jouée en petite formation (trio, quatuor, quintette, sextuor, octuor) et notre orchestre, de formation « Mannheim » (une quarantaine de musiciennes et musiciens), nous orientons cette saison notre campagne de communication autour du terme «chambre», vecteur de notre identité propre, au cœur même du nom de notre ensemble.
Notre affiche de saison, dans le décor d’une chambre d’hôtel, ouvre la première la fenêtre sur ce concept qui se déclinera sur les dix affiches de nos dix Grands Concerts. Chacune dans une chambre différente (chambre sourde, chambre noire, chambre d’enfants, chambre d’hôpital, chambre forte, chambre froide entre autres) mettra en avant un ou une de nos musiciens et musiciennes. Au-delà de l’esthétique décalée de ces visuels, une série de capsules vidéos, à retrouver tout au long de la saison sur notre site et nos réseaux sociaux, fera le lien entre ces lieux et des thèmes associés à la vie de musicien d’orchestre (le silence, l’image, l’enfance, la santé, l’argent, le temps etc).
Concept élaboré en collaboration avec l’agence Trivialmass, les photographies de Federal studio et les vidéos d’Artieda Films. Merci aux lieux qui nous ont accueillis: Régie Duboux, EPFL, Beau-Rivage Palace, Société de Navigation de Neuchâtel, Boutique Petit Toi Lausanne, Chaplin’s World, Fromagerie du Haut-Jorat, Atelier Delachaux Photographie, CHUV.
Définition
« Orchestre », à l’origine, désigne non pas un groupe d’instrumentistes mais un espace. Celui où, dans le théâtre antique, évoluent les danseurs, entre le public et la scène. Le mot, étymologiquement, est ainsi rattaché au grec
orcheisthai (danser) et passera aux langues romanes modernes par l’intermédiaire de sa traduction latine, orchestra.
En français, le terme demeure fidèle à sa racine et qualifie, tout d’abord, la zone d’une salle de spectacle où se tiennent les musiciens accompagnant la représentation théâtrale. Ce n’est que par métonymie que le mot «orchestre» finira, très tardivement, par être utilisé pour parler des musiciens œuvrant là, puis de tout groupe de plus de dix musiciens spécialisés dans l’interprétation d’un type de répertoire.
Parmi tous les possibles, l’ « orchestre de chambre » se distingue par un certain nombre de singularités. Disposant à la fois d’une réelle masse instrumentale (42 pupitres dans une formation Mannheim) et de l’intimité de la musique de chambre à proprement parler, il s’avère expressivement réactif et offre aux compositeurs une matière malléable. Assemblés autour d’un noyau central essentiel – le quintette à cordes frottées, violons I et II, altos, violoncelles et souvent contrebasses – les instruments, en nombre plus restreints que dans un ensemble dit «symphonique» ou «philharmonique», sont souvent à découverts, ce qui, pour les interprètes, s’avère à la fois périlleux et valorisant. Plus qu’un autre, l’orchestre de chambre permet donc de se reconnecter à l’étymologie première du mot : exigeant et libre, il laisse à ses musiciens la possibilité de danser…
MARIE FAVRE
Musicologue