MARC KISSÓCZY avec l’OCL & l’EVL

DVD – Michaël Levinas – La passion selon Marc

Levinas : La Passion selon Marc. Une Passion après Auschwitz.

«La musique de cette Passion est une méditation sur ce qui relie sans doute les deux traditions religieuses [judaïsme et protestantisme], mais aussi sur cet irréparable, ces 6 millions de morts de la Shoah, le silence de Dieu et celui des hommes. Il s’agit donc d’une Passion sans salut. Demeure la question de la survie.»
Michaël Levinas

Créée en avril 2017, La Passion selon Marc. Une Passion après Auschwitz est une commande lausannoise de l’association « Musique pour un temps présent » et du théologie Jean-Marc Tétaz ; elle s’inscrit dans le cadre des événements commémorant les cinq cents ans de la Réforme. Loin d’être seulement une relecture ou une méditation revisitée de la Passion du Christ, cette œuvre, dont la référence aux Passions de Bach est explicite, affronte néanmoins le douloureux caractère irréconciliable entre la Passion et la Shoah.

De qui et de quoi témoigne l’écriture de La Passion selon Marc. Une Passion après Auschwitz de Levinas, dès lors qu’il s’agit d’exprimer ce qui relie deux traditions musicales, deux religions, séparées par la barbarie et l’irréparable ? À quelle musique, quelle écriture, quelle langue le compositeur se réfère-t-il pour exprimer un double silence, à la fois historique et théologique : celui de Dieu et celui des hommes ? Ce n’est pas par hasard que le compositeur a tenu à placer en tête de sa partition une dédicace de son père, le philosophe Emmanuel Levinas, en exergue d’Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, pour faire mémoire, non seulement des six millions « d’assassinés par les nationaux-socialistes », mais également des « millions d’humains de toutes confessions et de toutes nations, victimes de la même haine de l’autre homme, du même antisémitisme ».

« Peut-on composer de la musique sans pleurer et sans trembler après la Shoah ? », s’interroge Michaël Levinas. Le ton n’est donc pas à l’irénisme ou à l’angélisme. La forme et l’écriture éminemment complexes de cette Passion, en raison des polyphonies subtiles du chœur, des voix et de l’orchestre, en raison également de la manière dont les langues se signifient entre elles (araméen, hébreu, français médiéval, allemand), répond à une exigence bien précise : mettre côte à côte des traditions musicales occidentales avec le tragique de l’histoire du XXe siècle, au point de faire « trembler », au cœur de la création artistique, le devenir de la langue Sainte et des Évangiles après Auschwitz. Aussi, ce qui sépare le récit de l’évangile selon Marc de la prière juive pour les morts (le Kaddish), ou encore du El Maleh Rachamim, de la lecture des noms et des deux poèmes de Paul Celan qui clôturent la Passion, n’est-il pas tant de représenter le tragique, que de le faire entendre dans sa nudité même, sans filet et sans salut, par-delà le clivage entre musique profane et musique sacrée.

Michaël Levinas a reçu en 2017 le Prix du Président de la République décerné par l’Académie Charles Cros pour l’ensemble de son œuvre.

Magali Léger (soprano)
Marion Grange (soprano)
Guilhem Terrail (contre-ténor)
Mathieu Dubroca (baryton)
Marie Hamard (mezzo-soprano)
Tristan Blanchet (ténor)
Simon Savoy (haute-contre)

Orchestre de Chambre de Lausanne
Ensemble vocal de Lausanne

Direction  : Marc Kissoczy

DVD en vente à notre BILLETTERIE